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  • Et s'il n'y avait rien au bout de l'horizon ?, 2023- n°3
  • Et s'il n'y avait rien au bout de l'horizon ?, 2019 - n°2
  • Et s'il n'y avait rien au bout de l'horizon ?, 2020 - n°1

FLOC'H Erwan, photographie

Je calme le bruit de mes questions incessantes par la photographie, en m’évadant dans l’étonnement, quand ce n’est pas dans le beau, ou en interrogeant ce qui m’entoure. Je mène alors l’enquête dans la famille - de sang ou de cœur, la petite ou la grande. Comme dans un concert de Keith Jarrett, je goûte le plaisir d’être bercé-bousculé par un chaos de joies et de peines, d’accélérations et d’apaisements. 


A la manière d’Alice au pays des merveilles, je découvre la bizarrerie d’une société qui m’interroge en retour sur ce que je suis. Je restitue ces autres vies avec la lenteur et le détail d’un roman de Dostoïevski, proposant quelques réponses et des questions nouvelles.


Peu à peu je me déferai de mes habits rationnels jusqu'à être nu face à l'impossible compréhension de la vie. Et me vêtirai du seul masque de l’émotion, celui qui me relie à l'autre et au monde.


Erwan Floc'h

Biographie

Très tôt, j’ai eu l’impression d’être différent : en classe de seconde, mon professeur de maths m’appelait l’extraterrestre. Avec ma famille proche aussi, mes parents et ma sœur, je me sens en dehors. Pour m’inscrire dans une histoire, je m’aide des photographies de famille, que ma grand-mère maternelle accompagne de récits merveilleux : un cirque, des tziganes, les chutes du Niagara sur un fil… Mais l’histoire paternelle, paysanne, est un contrepoids fort, enracinée depuis cinq siècles dans la terre silencieuse du Finistère. Face à un choix impossible, qui se révèle aussi vis-à-vis de la société, je me réfugie, pour ne pas être seul, dans le rôle du gentil garçon et du prince charmant. La photographie n’est alors que simple trace, une preuve de ma vie.
Pendant quinze ans, je me cherche : diplôme d’ingénieur, deux ans au Japon dans la finance, quatre mois seul à cheminer en Asie, quatre ans dans le conseil à Paris, des études en sciences politiques, et cinq ans dans le monde associatif. 2014, dernier et nécessaire pas de côté : mettre la photographie au centre et m’exprimer personnellement. Elle devient mon métier, principalement pour des organisations d’utilité publique et les arts vivants. La photographie n’est plus alors pour moi une simple empreinte mais un moyen d’acceptation et de construction. Elle me permet d’être à la fois présent à ce qui m’entoure et ce qui me constitue pour le comprendre tout en le gardant à la bonne distance.

Par la photographie, je cherche à calmer cette angoisse qui est la mienne de me situer dans le monde. Cette intranquillité, ce sont des interrogations incessantes sur mes choix et ses conséquences. Que serait une vie bonne pour moi ? Comment savoir si ma présence à l’autre est celle qu’il faut ? En découle les questions sur ma liberté dans une société pleine d’injonctions, en accélération permanente, où une idée chasse l’autre.

La photographie m’aide à arrêter le cours du temps comme celui de mes pensées. Pendant l’acte lui-même l’apaisement se fait. Il se prolonge par la réflexion qu’amène mon travail sur des sujets qui, même s’ils sont universels, me touchent en premier lieu. Il me fait entrer dans sa complexité, dans ses signaux faibles que seul le temps peut offrir. L’autre me devient alors moins étranger et m’aide à construire ou à simplement accepter ma propre singularité.

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