LERAT Jean, céramique, artiste permanent de la Galerie Capazza depuis 2012

« Le matériau, ici, n’est évidemment pas sans jouer un rôle, lui qui rappelle l’origine et son élément, mais beaucoup plus que cette signification lointaine s’impose le fait que la chair première ne saurait prendre forme sans que la main y fasse pénétrer la chose fugitive et mouvante qui dilue son haleine dans l’épaisseur et s’y fait un jour reconnaître à travers la surface, pour l’un comme la beauté, pour l’autre comme le sens. Il est capital que cette reconnaissance dépende autant de la rencontre d’un regard que de la qualité du travail afin que soit conservée à l’artiste la liberté d’être incompris, privilège que refuse l’artiste officiel par sa volonté de régler d’avance la réception de son œuvre. En assumant modestement leur fonction, mais en ne cessant de la déborder dans le regard qu’elles appellent, les céramiques de Jacqueline et Jean Lerat opposent les exigences de la relation aux passades de l’actualité… ».


Bernard Noël, extrait du livre Jean et Jacqueline Lerat, éditions Galerie Capazza


« Jacqueline et Jean Lerat ont vécu en symbiose pendant 39 ans pour créer des céramiques à chaque fois nouvelles.


Jacqueline a apporté son ouverture sur le monde et sa passion pour les idées, la modernité et la création. Elle a su communiquer pour deux.


Jean a apporté sa maîtrise de la sculpture et une grande culture artistique classique. Il lui a apporté le calme.


Jacqueline a rassuré Jean vis-à-vis de sa santé difficile. Jean lui a fourni un environnement technique maîtrisé porteur d’innovations.


Leur travail a été conduit en parallèle avec par moment quelques anastomoses par exemple lors de la création de nouveaux émaux ou à l’occasion des cuissons où leur pièces étaient mélangées.


A partir de 1947, leur production a été mise en commun et jusqu’à la mort de Jean la très grande majorité des pièces de l’un et de l’autre ont été signées JJLERAT. Cette confusion volontaire a brouillé les cartes pour ceux qui les connaissaient de loin. Cela a été accru par la présentation de leurs pièces dans les expositions où jamais aucune indication de leur origine n’était donnée.


Les pièces de Jacqueline donnent un sentiment de plus de spontanéité. Celles de Jean sont plus construites et souvent une pointe d’humour les anime.


Jean a des domaines personnels, celui des animaux stylisés ou de scènes animées tel que les cyclistes. Jacqueline ce sont les maternités. Le développement de pièces plus abstraites est lié à une démarche commune que Jacqueline a poursuivie seule pendant 17 années ».


François Lerat

Biographie

Jean Lerat, 1913-1992

La famille de Jean Lerat, est une vieille famille berrichonne où l’on trouve des agriculteurs, des ébénistes, des éleveurs de chevaux de course et des antiquaires. Du coté de sa mère, ses origines se trouvent dans la région de Nérondes et de Jouet sur l’Aubois. Son père, menuisier, a son atelier rue Jean-Jacques Rousseau à Bourges.

Jean rentre comme apprenti à l’école des Beaux-arts de Bourges pour apprendre la sculpture sur bois. Souffrant d’une grave déformation de la colonne vertébrale, il a toujours été soutenu par son frère Camille Lerat et sa sœur Simone Tixier.

Jean Lerat après la sculpture sur bois se consacre à la sculpture, au dessin et à la peinture de paysages. La rencontre avec François Guillaume va orienter sa vie.

Commerçant, designer et éditeur d’objets pour l’art de la table à Bourges depuis les années 1930, celui-ci est en relation avec toutes les entreprises de céramique et de verre du département pour la fabrication de ses modèles qu’il diffuse en particulier dans les restaurants de France. Il fait concevoir à Jean Lerat, avant 1940, quelques modèles dont notamment un jeu d’échecs. Il est élu à la chambre de commerce et d’industrie. A la Borne, il est en relation avec Armand Bedu, un des maîtres potiers ouvert à la modernité avec lequel il conçoit de nouveaux modèles.

Il propose à Jean Lerat d’aller travailler à la Borne au printemps 1941 pour « renouveler la tradition potière du village ». Il loue un atelier et passe un accord avec Armand Bedu pour la fourniture des matériaux nécessaires et pour la cuisson des œuvres originales créées qu’il vendra dans son magasin. La pénurie des matières premières fait privilégier les émaux à la cendre qui permettent d’obtenir de très beaux gris que l’utilisation du sel en fin de cuisson rehausse. Il recrute André Rozay en 1942.

Venu de la manufacture de Sèvres, Paul Beyer célèbre céramiste de l’entre-deux guerres s’installe dans un atelier voisin avec l’appui de la coopérative des artisans du Loiret au début de 1942.

A Bourges, Jean Favière, qui travaille au musée du Berry et Henri Malvaux nommé en décembre 1942, directeur de l’école nationale des beaux-arts appliqués à l’industrie, s’intéressent aux productions artisanales de La Borne. Le village est connu des institutions parisiennes (Musée des arts et traditions populaires, Arts décoratifs, Sèvres, etc.) pour son authenticité.

Jean et Jacqueline se marient le 3 février 1945. Ils vont travailler dans le même atelier, chacun poursuivant un itinéraire personnel. Mais ils mettent en commun la terre, les émaux et les cuissons. Alors qu’une fréquentation et une observation attentive permettrait de distinguer leur style, ils déroutent les amateurs pressés avec une signature commune JLERAT de 1945 à 1948, puis JJLERAT de 1948 jusqu’au décès de Jean.
Après 1992 Jacqueline reprend la signature JLERAT.

Janvier 1913 Naissance de Jean Lerat à Bourges (Cher). Son père est menuisier. Sa mère, Jeanne Douet est issue d’une famille d’ébénistes et d’éleveurs de la région de Nérondes (Cher).

1926  Jean rentre comme apprenti à l’école des Beaux arts et des arts appliqués à Bourges où il apprend la sculpture sur bois.

1931  Il soigne à Paris une grave déformation de la colonne vertébrale qui l’handicapera toute sa vie et l’incitera à une distance avec la vie sociale.

1935- 1936  Jean suit les cours de sculpture de M. Noël Feuerstein ancien élève de

l’école Boulle à l’Ecole nationale des Beaux arts de Bourges.

1936-1939  Jean est professeur de décoration à l’école de dessin de Saint-Amand-

Montrond (Cher) et de dessin au petit séminaire du Cher. Il réalise pour François Guillaume éditeur et décorateur à Bourges, des modèles à éditer.

1937  Exposition internationale de Paris. Jean obtient une médaille d’argent pour une sculpture.

1938-1940  Jean peint les paysages de la Bretagne, du Mont Dore dans le massif central et des environs de Bourges qu’il expose dans des salons locaux et chez François Guillaume.

1939  Séjour de Jean Lerat et André Rozay à Chamonix.

1941 Jean est installé pour un mois à La Borne par François Guillaume dans l’atelier d’Armand Bedu, maître potier. Son contrat étant prolongé, il apprend à tourner en regardant les ouvriers spécialisés.

1942  André Rozay fuyant le Service de travail obligatoire en Allemagne rejoint

Jean dans l’atelier de François Guillaume à La Borne.

1943  Participation de Jean Lerat à l’exposition artisanale organisée par Georges-

Henri Rivière au musée des arts et traditions populaires.

Participation à l’exposition de céramiques organisée par la galerie d’orfèvrerie

Christofle avec Paul Beyer, Guidette Carbonell, les 2 céramistes, Besnard, Dordet. Emile et Jacques Lenoble, Marjolaine et Luc Lanel, Lebasque, Savin et Moreux. Il en est rendu compte dans Images de France de Juillet 1943.

1943- 1944  Suite à une proposition d’Henri Malvaux, Jacqueline vient à La

Borne (Cher) où elle travaille avec Jean Lerat et André Rozay pour François Guillaume.

1944  Jean accompagne Henri Malvaux, directeur de l’école des Beaux-arts pour une visite de La Borne. Jean Lerat intervient comme contractuel dans l’atelier de céramique qui est progressivement équipé à partir de 1945. Un four à bois est construit avec l’aide de Maurice Gensoli qui travaille à la manufacture de Sèvres. Raymond Legrand en est le responsable. Jean forme après guerre Sylviane Bétrémieux, Elisabeth Joulia….

1945  Mariage de Jacqueline Bouvet et Jean Lerat à La Borne,

1945  Premières pièces à la galerie Rouard.

1946  Achat à la coopérative des artisans du Loiret de l’atelier aménagé en 1943 pour Paul Beyer. Il est doté d’un four de 0,5 m3 qui permet une production personnelle.

Après discussion, le couple décide de signer leurs œuvres d’une signature commune «JJLERAT ».

1947  Participation à l’exposition « Modern french pottery » liée à la relance de l’économie européenne à Birmingham, Stoke-on-Trent, Derby et Swansea (Angleterre) ;

Premier dépôt de pièces présentées dans une vitrine spécifique à la galerie Rouard, avenue de l’Opéra (Paris) (personnages, art sacré, céramiques utilitaires).

Première participation au salon des artistes décorateurs, au salon des métiers d’art et du 8éme salon de l’imagerie.

1948  Première participation au salon de l’art sacré et rencontre à La Borne du Révérend Père Régamey responsable de la revue « L’art sacré ». Jean Lerat est coopté membre actif de la société des artistes décorateurs dont Jacques Adnet est alors le président.

1950  Jean Lerat réalise une grande croix en pierre et en céramique en forêt d’Ivoy à proximité du château de la Verrerie (Cher) à la demande de la marquise de Voguë pour honorer son fils Adalbert, moine à l’abbaye de la Pierre qui Vire (Yonne).

1950  Participation à l’exposition « Les arts du feu » à la galerie Rouard et à Création

organisée par Colette Gueden pour l’atelier PRIMAVERA des grands magasins

du Printemps.

1951  En septembre le céramiste anglais, Bernard Leach découvre les pièces de Jean et Jacqueline exposées à la galerie Rouard, rue de l’Opéra à Paris. Il se rend à La Borne en octobre. Il leur envoie un exemplaire dédicacé de son « Potter’s book ».

1954  Jean Lerat réalise en 18 mois les 41 grands médaillons en grès chamotté de l’internat construit rue de Vauvert pour le lycée de jeunes filles de Bourges. Ils représentent des femmes exemplaires par leur action dans les domaines de l’art, de l’éducation, du sport, de la vie politique.

1955  Installation à Bourges avec la construction d’un atelier et d’un four à bois et à deux alandiers de type Sèvres.

1959  Nomination comme professeur de céramique à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Bourges

1967  Réception dans l’ordre de la Légion d’honneur (chevalier)

1978  Fin de l’enseignement à l’Ecole des Beaux Arts de Bourges

1982  Jean et Jacqueline reçoivent conjointement le « Grand prix national » des métiers d’arts du ministère de la culture remis par Jack Lang

1992  Décès de Jean Lerat considéré par « L’atelier des métiers d’art » comme « le père de la céramique moderne ».

1994  Exposition « Hommage à l’œuvre de Jean et Jacqueline Lerat », Maison de la culture, musée du Berry, Bourges

2002  Exposition « Hommage à Jacqueline et Jean Lerat », Musée municipal d’art de Baugé.

2005  Exposition « Céramiques contemporaines

1955-2005 Musée national de la céramique, Sèvres

2013  « Le bestiaire de Jean Lerat », La Borne, France

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Collections publiques

- Musée national de Kyōto, Japon

- Victoria & Albert Museum Londres, Royaume Uni

- Musée Cantini, Marseille

- Musée des arts décoratifs, Paris

- Musée Bernard Palissy, Lacapelle-Biron

- Musées de Bourges

- Musée de Mâcon

- Musée de Sars-Poteries

- Musée de Vallauris

- Musée national de la céramique, Sèvres

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Sélections d’expositions

2021  Musée des Beaux-Arts de Lyon

2016   Trois jours à Londres

2013   Sèvres, cité de la céramique, Musée national

2005  Céramiques contemporaines 1955-2005, Musée national de la céramique de Sèvres

2004  Elisabeth Joulia, Yves Mohy, Deblander, Jacqueline Lerat », Galerie Capazza à Nançay

1994  Hommage à l’œuvre de Jean et Jacqueline Lerat, Maison de la culture et musée du Berry à Bourges

1989  Jean et Jacqueline Lerat, Château de Ratilly

1984  Surinvitation, organisée par François Mathey au Musée des arts décoratifs

1981  Rétrospective Jean et Jacqueline Lerat, Commissaire Joël Gauvin à la Maison de la culture de Bourges
Participation à l’exposition Céramique française contemporaine, sources et courants  au Musée des arts décoratifs à Paris

1980  Les métiers de l’art, commissaire François Mathey, musée des arts décoratifs à Paris

1977  Artistes artisans, Musée des arts décoratifs à Paris

1975  Dix huit artistes et la terre, Galerie Noella Gest à Saint-Rémy de Provence

1972  Contemporary European ceramic, Tokyo (Japon)
International ceramics, au Victoria and Albert Museum à Londres

1963  Participation à l’exposition Le grés contemporain en France au musée national de la céramique de Sèvres.

1962  Galerie La Demeure de vases et coupes avec la présentation des tapisseries de Lurçat, Marc Saint-Saëns, Picart-LeDoux, Dom Robert, Mario Prassinos et Tourlière
Grés d’aujourd’hui, d’ici et ailleurs, présentée par Jeanne et Norbert Pierlot au château de Ratilly (Yonne).
Ils réunissent Antoni Cumella, Francine Delpierre, Jean Derval, Shôji Hamada, Bernard Leach, JJ Lerat, Yves Mohy, Daniel de Montmollin, Jeanne et Norbert Pierlot, Tuumi et Antoine de Vinck. Elle est ensuite transférée au musée des Arts décoratifs sous le titre « Maîtres potiers contemporains »

1960  Decorative art  à Tokyo Japon

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