Au milieu des années 2000, j'étais à la recherche d'un maître tireur photographique fiable et discret pour réaliser des tirages de mes photographies personnelles. J'ai contacté la Fondation Herb Ritts, dont le directeur exécutif, Mark McKenna, m'a orienté vers Robert Charles Mann, qui jouissait d'une solide réputation en la matière. Une relation de sympathie et de confiance est née, qui s'est vite transformée en amitié. Je découvre alors son œuvre personnelle de photographe, que j'apprécie immédiatement.
Parmi ses travaux, Robert développe une série, réalisée au sténopé – un petit boîtier comme une sorte de camera obscura miniaturisée, fabriquée par lui-même, percée de deux trous et dans laquelle se trouve un support photosensible. Ce dernier fixe la trajectoire quotidienne du soleil d'un solstice au suivant, c'est-à-dire pendant six mois. Ce projet sériel, ce sont les Solargraphs, qu'il a commencé à produire à Chaumont-sur-Loire, où il réside depuis les années 1990.
Au fil de notre amitié de près de vingt ans, au fil de ses visites, Robert a posé ses sténopés, chez moi en Californie et en Provence, au château de Miraval où je passe désormais l'essentiel de mon temps. Miraval, dont l'histoire remonte au début du XIe siècle avec l'édification d'un monastère bénédictin, est, depuis 1977, un haut-lieu de création artistique, grâce à la fondation par Jacques Loussier des Studios Miraval, où des musiciens de premier plan ont enregistré, de Pink Floyd à The Cure ou Sting.
Après avoir acquis le domaine de Miraval en 2011, j'ai voulu poursuivre cette histoire. D'abord en rénovant les studios, qui ont rouvert leurs portes aux musiciens. Ensuite, en développant des œuvres d'architecture – une passion personnelle de toujours. Enfin, en accueillant en résidence des artistes de tout horizon (réalisateurs de cinéma, peintres, sculpteurs ou photographes). Et, par passion, et pour prolonger aussi l'histoire de ce lieu, je m'investis avec bonheur dans l'activité vinicole et oléicole.
Ce sont les Solargraphs réalisés dans cet endroit spécial, où l'amitié, la beauté de la nature et la créativité artistique se retrouvent, qui se trouvent réunis dans ce livre. C'est un plaisir et un honneur de partager avec le public ces œuvres, qui célèbrent la beauté du monde et rendent hommage à Miraval.
Brad Pitt
Un art du « non-agir », ou le dépôt du temps
De loin, un semblant de griffures, les unes en teintes variées de bleu – azur, cobalt, bleu-vert, marine, indigo, mauve –, d'autres variant de l'or à l'orange, tracent un ensemble de courbes fines et arquées dans un espace incertain baigné de pénombre. En approchant, l'œil distingue des formes familières : la silhouette élancée d'ifs, d'autres arbres plus indistincts, tantôt feuillus et tantôt nus, des branches qui s'étirent et qui paraissent n'être qu'ombre, la ligne d'horizon d'un relief de collines ou de monts bas. Des constructions humaines, aussi : ici un pavillon, une toiture ; là, des murets, le vague serpentement d'une route au lointain.
Les Solargraphs du photographe étasunien Robert Charles Mann frappent d'abord par le contraste entre des lignes dynamiques d'une grande vivacité chromatique et la pénombre, voire l'obscurité, et l'immobilité du panorama. Si quelque chose attire vers elles, leur séduction presque aussitôt se charge d'ambiguïté tant les éléments familiers y baignent dans quelque chose d'étrange – et d'étrangement beau. Ces images ont un pouvoir de déconcertement. « L'une des mes intentions » explique d'ailleurs l'artiste, « est de créer un environnement métaphysique qui ne soit pas nécessairement reconnaissable et qui cependant vienne d'une source organique. Le regardeur peut faire l'expérience d'un instant de confusion avant d'identifier des éléments reconnaissables qui, je l'espère, excitent l'imagination et l'amènent vers un souvenir ou une expérience personnelle. »
Il serait, certes, commode de rattacher ces œuvres à la tradition artistique du paysage, mais l'étiquette ne rend guère justice à leur singularité. Il s'en dégage une impression d'abstraction onirique, de dé-réalisation, de dissolution du monde – en particulier dans certains des plus récents travaux – qui dépasse une « simple » captation technique du visible. Les Solargraphs autorisent plusieurs lectures, dès lors qu'on prend le temps de les parcourir, de les laisser résonner en soi entre délectation esthétique pure et sans analyse et réception plus métaphorique ou méditative.
D'abord, il y a un dispositif technique : le sténopé. Un objet bricolé par l'artiste lui-même : une boîte pour bouteille de whisky percée d'un menu trou d'aiguille, dans laquelle est disposé un papier photosensible. À proprement parler, ce n'est pas un « appareil photo » au sens commun (ni déclencheur, ni objectif...) mais une déclinaison de la chambre noire.
Robert Charles Mann n'est ni l'inventeur du sténopé ni d'ailleurs l'unique artiste contemporain à y recourir. Ce qui le distingue, c'est d'abord une temporalité. À chaque solstice, il dispose plusieurs « boîtiers » face à un paysage pour une durée de six mois – jusqu'au solstice suivant, où il les récupère – de sorte qu'ils captent, jour après jour, la course journalière du soleil. Ce que l'exposition très longue du négatif enregistre, c'est le temps.
Intrinsèquement, ces paramètres, qui sont un choix artistique, manifestent et métaphorisent une disposition qu'on peut dire de contemplation ou de réceptivité. À cet égard, sa démarche ressemble, transposée à l'ère du déferlement d'images sur internet, à celle des photographes pictorialistes. À la fin du XIXe siècle, en réaction à l'émergence d'un usage de masse et « amateur » de la photographie après la mise en vente de l'appareil de poche de Kodak en 1888 (« Vous appuyez sur le bouton ; nous faisons le reste », dit le slogan), ceux-ci revendiquent la défense de la photographie en tant qu'art – et non comme une activité à la portée de quiconque.
Le choix du support argentique implique en effet un monde en contradiction avec le tout- numérique : une unique prise et, donc, la possibilité de l'accident contre une approche autorisant à effacer les « erreurs » dans une recherche de l'image « parfaite » se surajoutant à un flot surabondant d'images sans valeur singulière. Elle aussi à rebours de l'instantanéisme du numérique, la lenteur du processus, qui s'étire sur un semestre, évoque une métaphore ou une transposition à la technique photographique de cette expérience de la durée qu'est la méditation – une présence au présent. De sorte que le procédé relève davantage du dépôt, de l'accueil réceptif, plutôt que du saisissement, de l'appropriation active. En termes taoïstes, l'approche de Robert Charles Mann dans ses Solargraphs relève du « non-agir » : le monde se dépose sur la pellicule davantage qu'il serait « capt(ur)é » par l'œil avide du photographe.
De par le procédé low tech bricolé dans un esprit do it yourself et expérimental, de par la durée impliquée et le motif – le paysage, le soleil –, un certain rapport au monde se dessine, entre refus de la dépossession technologique de l'homme et réappropriation d'une technique à sa mesure, ludique et accessible.
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Plus que ceux des rares autres artistes contemporains qui en produisent, les Solargraphs de Mann s'inscrivent dans une démarche artistique qui, déjà dans ses travaux antérieurs, a toujours eu une forte dimension plastique. La série des Orbites, en particulier, montrait l'héritage d'une photographie picturale abstraite, celle des expérimentations d'un Alvin Langdon Coburn, d'un Raoul Hausmann, des rayogrammes de Man Ray ou des photogrammes de László Moholy-Nagy. Ses séries figuratives (Reflets, Fleurs) témoignent d'un souci de la texture, la profondeur du noir y évoquant volontiers le dessin au fusain – et, à ce titre, rappellent la démarche des pictorialistes, dans leur effort à s'émanciper d'une photographie « naturaliste » ou « vériste ».
Si les Solargraphs se distinguent des autres séries en premier lieu par le recours à la couleur, la dimension expérimentale tient, d'une façon plus nette avec le temps, à la place accordée au hasard et à l'accident, c'est-à-dire à ce qui advient indépendamment de la volonté et du contrôle. Abandonnés à leur sort pendant six mois, les sténopés peuvent se trouver déplacés par un couple d'oiseaux venu faire son nid ou le papier photographique abîmé par une infiltration d'eau. L'orientation, donc le panorama, s'en trouve déplacé, le négatif altéré, mais Robert Charles Mann accueille cette part d'impondérable, qu'il conserve lors de la post-production sur ordinateur.
Mieux : ces gerçures, balafres, traces du dommage chimique causé au négatif se trouvent mises en valeur, dans un esprit proche du kintsugi, cette méthode japonaise de réparation des céramiques brisées qui, par l'application d'une laque saupoudrée de poudre d'or, met en valeur la brisure. Il ne s'agit plus d'un « raté » à effacer, mais d'un élément de la beauté inédite de l'œuvre, la trace de l'imprévisible qui a eu lieu. « Laisser les matériaux interagir avec la nature, comme c'est le cas avec les Solargraphs, donne de la vie aux images. Les sténopés et le papier photo à l'intérieur vivent au fil du changement des saisons et du climat », résume ainsi l'artiste. « On ne peut qu'essayer d'orienter le processus, mais les variables sont trop nombreuses pour être contrôlées, de sorte que l'ar5ste, s'il choisit de laisser les choses suivre leur cours de façon autonome, doit en accepter l'issue... faute de quoi, il vaut mieux renoncer tout à fait à la démarche. »
À l'heure des visages trafiqués à la chirurgie et au botox, du deep fake de l'intelligence artificielle et de la photoshopisation publicitaire généralisée, c'est-à-dire du rejet de la naturalité de l'homme et de la sénescence, d'une haine du réel dans son imperfection, l'art de Robert Charles Mann exprime au contraire une sensibilité à la beauté de l'impur et à la fragilité. Sa démarche rappelle celle du musicien William Basinski dans The Disintegra5on Loops, enregistrements de courtes bandes audio jouées en boucle et qui se détériorent jusqu'à la quasi disparition du son, œuvre onirique, méditative, mais aussi élégiaque en façon de métaphore de la mort. Dans les deux cas, il se dégage une certaine idée humaine d'une qui ne réside pas dans un inaccessible idéal mais, au contraire, trouve une grâce dans les stigmates du hasard, de l'existence, du temps.
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Dans L'art visionnaire, Michel Random, qui évoque la peinture chinoise en sa dimension taoïste,
écrit : « L'homme est un centre, il établit la relation entre le visible et l'invisible. Cette relation permet de comprendre pourquoi le sens de l'infini présent est la source de la spontanéité, du jaillissement créateur, c'est-à-dire une communion naturelle, ou un souffle qui intègre l'homme à la nature universelle. Rien n'est plus séparé, tout devient un présent continu. » À ce titre, sans doute faut-il considérer que les Solargraphs ne sont, comme le disait Yves Klein au sujet des objets qui constituent son œuvre, « que les cendres de son art », la trace matérielle d'un processus, la manifestation visible d'un rapport spirituel au monde : celui d'une présence à ce qui nous dépasse et ne peut être maîtrisé.
En effaçant l'agitation humaine et en gravant un temps suprahumain, invisible à l'œil par sa longue durée, les Solargraphs évoquent une métaphore de la méditation comme dissipation du temps (le passé qui hante, le futur qui angoisse) et comme expérience de disponibilité à ce qui dépasse chacun de nous. Contre l'illusion technicienne de toute-puissance et de contrôle, l'art de Robert Charles Mann exprime une humilité profonde, une spiritualité athée considérant le cosmos avec un émerveillement silencieux.
Mikaël Faujour
Déclaration de l'artiste
J’espère partager avec la personne qui regarde mes photos une expérience riche et onirique, un point de référence à partir duquel explorer les âmes. Pour atteindre ce but j’utilise plusieurs appareils photo sans objectif. Le sténopé a la particularité de suggérer l’objet plutôt que de le représenter. Cette suggestivité comporte un profond mystère, que l’on ne découvre pas à la surface de l’image mais plutôt dans sa singulière représentation. Lorsque je mêle cette technique et mon choix de sujet, la photo “respire” et devient un environnement métaphorique.
La singularité de la photo au sténopé réside dans des temps de pose très longs, de quelques secondes à plusieurs heures. Cette exposition en continu produit des effets que l’oeil ne peut percevoir. Des sujets en mouvement deviennent translucides, du fait de leur qualité vibrante, d’autres seront peut-être complètement invisibles. Des objets inclus pendant la prise de vue seront invisibles sur le tirage final.
La Série Solargraphe est une expérience méthodologique et conceptuelle. Basée sur l’idée que la course du soleil dans le ciel change chaque jour et que donc une longue exposition produira une image cumulée de ces parcours. J'installe un sténopé pointant vers le ciel sur le chemin que suivra le soleil pendant les six mois que dure le solstice, d'hiver à été ou d'été à hiver. L'image finale n'est pas un montage mais le résultat d'une seul et longue exposition continue pendant six mois. Ce travail fait le lien entre des techniques anciennes traditionnelles et les techniques numérique actuelles. Les tirages de chacune de ces images sont imprimées sur un papier composé de pure fibre de coton avec des encres permanentes.
Un tirage peut être réalisé de mille façons différentes. Le choix des matériaux, la qualité tactile du tirage sont très importants. Le tirage entre pour moitié dans la conception de la photo. Des décisions conscientes engendrent des effets inconscients. Le monde du tirage dans son ampleur n’a d’égal que le monde de l’image.
Il entre un nombre infini de paramètres et de variables dans la réalisation d’une image et parfois ils produisent une grande et forte émotion.
Robert Charles MANN
Dès que Robert réalisât, à l’âge de huit ans, son premier tirage dans le labo de son père, il comprit ce que le monde de la photographie avait de magique et cela avant même de faire sa première prise de vue.
Né en 1960 aux États-Unis d’Amérique, d’une mère pianiste concertiste et d’un père photographe, Robert Charles Mann a grandi dans un univers artistique.
L'influence de son environnement familial l'a amené à entreprendre des études musicales et photographiques. Il a étudié à l'Ohio State University School of Music, au Pacific Northwest Film Scoring Program à Édimbourg et au Hollywood Institute of Music, en Californie. Il a également obtenu des diplômes du Maine Photographic Workshop et du Fine Print Studio du Musée de Düsseldorf.
Au cours des années 80, il participe à de nombreux projets qui le conduisent à participer au Art Club, qui soutient la réalisation de spectacles musicaux d’avant garde à Los Angeles. Il reprend ses travaux de tirage photographique et se met à son compte pour financer ses divers projets artistiques.
Rapidement, il devient un des tireurs les plus recherchés, il dirige le studio et assiste Herb Ritts pendant deux années. Il collabore avec Helmut Newton, Mary Ellen Mark, Peter Lindbergh, Sheila Metzner, Dennis Hopper et tant d’autres. Dans le même temps, il occupe le poste de photographe en chef du magazine Exposure.
Il produit aussi, d’innombrables tirages pour les éditions Twelve Tree & Twin Palms, ainsi que pour Hollywood Archives. Au cours des années 80 et 90, Robert a tiré plus d’un million de photos!
En 1989, ayant établi une solide réputation internationale de photographe et de tireur, il s’installe à Paris puis à Chaumont-sur-Loire où il réside aujourd’hui. Pour réaliser ses photos, il utilise uniquement des sténopés (l'appareil photo sans objectif) qui sont faites par lui-même. Une nouvelle série de solargraphes arrivera bientôt. Vingt sténopés ont été installées en Californie et en France lors du solstice d'été en juin dernier. Ces caméras seront récupérées lors du solstice de décembre.
Robert crée également de la musique qui comprend de l'électronique ambiante, des bandes sonores d'orchestre pour le cinéma et de la musique de fond pour la télévision. De sa vie à Los Angeles à produire de l'art performance, à jouer dans des groupes punk et à composer de la musique électronique ainsi qu'à l'influence de la musique orchestrale de sa mère, Robert a développé un style très unique. Il a récemment composé de la musique pour AD ASTRA de James Gray avec Brad Pitt. De même, Robert collabore souvent avec Brad Pitt en tirant les nombreuses archives de l’acteur. Brad Pitt a acquis 11 grands tirages de Robert des séries “Orbits” & “Flowers”.
Les photos de Robert Charles Mann sont aujourd'hui, dans des collections internationales privées et publiques.
Du 28 octobre au 22 décembre 2024, Robert Charles Mann a séjourné en résidence d'artiste au château de Chambord. Durant cette période, il a conçu et installé 50 appareils photo solargraphiques à sténopé, répartis dans le château et sur l’ensemble du domaine. Ces dispositifs permettront de capter en continu la course du soleil pendant six mois, du solstice d’hiver 2024 au solstice d’été 2025. Une exposition, un documentaire vidéo ainsi qu’un livre verront le jour au printemps 2026.
Un Mois - Un Artiste est un rendez-vous mensuel pour vous faire découvrir les artistes de la galerie.
Retrouvez celui consacré à Robert Charles Mann paru en décembre 2019, à télécharger ci-après
2025 Équilibre, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
2024-2025 Robert Charles Mann, Résidence d’artiste, Domaine national de Chambord
2023 Robert Charles Mann, Miraval Studios, Château Miraval
Danser avec les nuages, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
Salon ART’EMOTION, Espace Culturel Jacques Prévert, La Garnache
2022 Robert Charles Mann, Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, Orléans
Coexister, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
Robert Charles Mann, Eurostar Paris, Paris
Robert Charles Mann, Galerie Odile Ouizeman, Paris
2021 Enfances, exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
2020 Le torse d’une femme a la pureté d’un vase, grandes courbes simples d’un fruit désiré, Exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
Participation à Art Paris 2020 avec la Galerie Capazza de Nançay, du 10 au 13 septembre, stand D 01
Cardi Projects, Cardi Gallery, Londres Angleterre
Found Waves, EXUO, Tours France
2019 L’Arbre, c’est le temps rendu visible, Exposition collective, Galerie Capazza, Nançay
2018-2019 Solargraphs, Galerie Asinerie du Domaine de Chaumont-sur-Loire, Chaumont-sur-Loire France
2017-2018 Meta Paysages, Galeries Hautes du Château de Chaumont-sur-Loire, Chaumont-sur-Loire France
2012 Then Came Now, Musée de Vendôme, Vendôme
2011 Saints and Sinnners, Antebellum Gallery, Los Angeles, California
Robert Charles Mann, Les Curieuses, Paris France
2009 Robert Mann, Galerie Basia Embiricos, Paris, France
2006 Robert Mann, Ritual Gallery, Paris, France
2005 Pingyao International, Pingyao Museum, Pingyao, China
2004 Robert Charles Mann, University of the Arts, Philadelphia, Pennsylvania
Summer Group Exhibition, Drabinsky Gallery, Toronto, Canada
2003 Marubi 2003, National Gallery of Arts, Tirana, Albania
Orbits, Lonsdale Gallery, Toronto, Canada
Landscapes, Hands, Flowers, Charles Nes Gallery, New York, New York
Pinhole and photograms, Lonsdale Gallery, Toronto, Canada
2002 New works, Charles Nes, New York, New York
Reflections, Lonsdale Gallery, Canada
Flowers, Michael Dunsford Gallery, Seattle, Washington
2001 One Off, Special Photographers Gallery, London, England
American photographers, French Institute, New York, New York
Why pinhole?, Visual Studies Workshop Gallery, Rochester, New York
Vues de Touraine, Maison du Loir et Cher, Blois, France
2000 Out There Here, Provincetown Museum of Art, Provincetown, Massachusetts
Tracing Shadows, Lonsdale Gallery, Toronto, Canada
Photo L.A. 2000, Charles Nes, Santa Monica Civic, Santa Monica, California
1999 Millennium, Special Photographers Gallery, London, England
Magiae Naturalis, Lonsdale Gallery, Toronto, Canada
Pinhole Art, Ohio Art League, Columbus, Ohio
Window Series, Pinhole Visions Gallery, Chapel Hill, North Carolina
1998 Sans objectif, Carré Davidson Galerie, Tours, France
Paysages Touraine, Carré Davidson Galerie, Tours, France
Camera Ready, York Quay Gallery, Toronto, Canada
Pinhole International, Lonsdale Gallery, Toronto, Canada
1997 Avant premier, Claude Samuel Galerie, Paris, France
Esprit des Lieux, Château de Tours, Tours, France
Petit format, Carré Davidson Galerie, Tours, France
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